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Histoire

Jules César est sans aucun doute l’un des personnages les plus emblématiques de l’histoire. Le grand stratège qu’il fut réussit non seulement à conquérir la Gaule, mais finit en quelques années par se rendre maître de l’ensemble de la Méditerranée avant d’être finalement trahi et assassiné.

Au coeur de cette vie tumultueuse, un épisode clé est toutefois moins connu du grand public. Un événement qui se déroula à l’automne 49 avant J.-C. et que certains historiens n’hésitent pas à décrire comme l’une des manœuvres les plus audacieuses de la carrière du grand général romain. 

Lorsque la Gaule se soumet, en 50 avant J.-C., Jules César est devenu trop puissant aux yeux de Rome. Le Sénat le somme alors de disperser son armée comme il est de coutume. Mais celui-ci refuse et franchit le fleuve Rubicon, situé au nord de l’Italie, à la tête de ses légions. Le doute n’est plus permis : la guerre civile est déclarée. La plupart des sénateurs s’enfuient alors, protégés par l’autre consul de l’époque et principal adversaire politique de César : Pompée.

Quelques jours leur suffisent pour se réfugier de l’autre côté de l’Adriatique, sur les côtes d’Epire, territoire alors contrôlé par les armées et navires de guerre de Pompée. César, en arrivant au port de Brindisi, comprend qu’il devra livrer bataille de l’autre côté de l’Adriatique. Pour vaincre, il doit organiser une mission d’infiltration hautement périlleuse en territoire ennemi.

Les tempêtes d'automne dans la région d'Otrante peuvent être particulièrement violentes © Philippe Henry / Octopus Foundation

En 49 avant J.-C., en plein automne, alors que les risques de tempêtes sont importants sur la mer Méditerranée, César traverse le détroit d’Otrante avec sept légions à bord de douze galères de commerce. Un peu avant l’aube, sans déclencher l’alerte, il débarque sur une petite plage dominée par des montagnes, franchit un col à plus de 1000 mètres d’altitude et prend par surprise la petite ville portuaire d’Oricum qui s’attendait à le voir arriver par la mer. Plusieurs batailles terrestres et navales auront lieu autour d’Oricum pendant l’année qui suivra, au terme de laquelle César finira par vaincre définitivement l’armée ennemie à Pharsale en Macédoine.

Aujourd’hui

Des traces importantes des étapes de ce voyage épique, que Jules César décrit lui-même dans ses « Commentaires sur la guerre civile », sont toujours visibles : Brindisi, important port des Pouilles, la plage du débarquement en Epire, la route suivie dans les montagnes et surtout le site d’Oricum sont restés comme suspendus dans le temps.

Rares sont ceux qui ont pu refaire ce voyage et fouiller le site exceptionnel d’Oricum. L’explication est simple : l’Epire de l’époque est en grande partie l’Albanie d’aujourd’hui. Le petit pays des Balkans est resté enfermé sur lui-même durant la plus grande partie du 20e siècle, isolé du monde par une dictature parmi les plus répressives de l’époque communiste.

La plage présumée du débarquement de Jules César au sud d'Oricum et du Karaburun © Philippe Henry / Octopus Foundation

La suite de son histoire n’est guère plus propice à son ouverture. La chute du communisme au début des années 90 se traduit par un opportunisme sauvage et une corruption à grande échelle menant le pays à sa faillite en 1997. Aujourd’hui, ce voisin de l’Union européenne reste un pays en voie de développement. Les infrastructures de base comme les routes, l’eau courante et le réseau électrique sont à peine achevés. Paradoxalement, aussi dramatique que fut l’histoire moderne de l’Albanie, cette situation permit de protéger l’un des plus importants patrimoines archéologiques du bassin méditerranéen : à terre et sous l’eau, un trésor insoupçonné dort depuis plus de 2000 ans.

Soutien logistique aux archéologues

La Fondation Octopus a décidé de soutenir le projet de fouilles archéologiques menées par l’équipe de l’UNIGE (direction suisse Dr Jean Terrier et albanaise Dr Saïmir Shpuza) sur le site d’Oricum en Albanie. Dans le cadre de la mission de septembre 2016 (un mois de fouilles), la Fondation Octopus va assister la mission scientifique terrestre en fournissant une documentation détaillée de la partie marine et sous-marine de la ville ancienne.

  • Le premier objectif est de savoir si la ville ancienne s’étendait au delà de la fortification, dans une zone qui aujourd’hui est recouverte en partie ou dans sa totalité par la lagune.
  • Le second objectif est de recenser et cartographier les différentes zones de carrières de pierre dans le Karaburun (calcaire fin blanc), qui constituaient, d’après les sources anciennes, la principale activité de la ville. Il est à noter que la côte du Karaburun n’est pas accessible par la terre.
  • Dernier objectif, la Fondation veut modéliser en 3D (mi-air mi-eau) la principale zone de carrières de pierre, afin que les archéologues puissent étudier sa structure et son architecture en incluant la partie qui a été submergée par la mer au fil des siècles.   

Le voiloier d'expédition de la Fondation Octopus au mouillage proche d'une carrière du Karaburun © Octopus FoundationRéalisation de Médias

En plus de ce soutien direct, la Fondation Octopus souhaite financer la réalisation de médias destinés au grand public pour mieux faire connaître ce site antique dans l’Albanie moderne. Ces supports jetteront un éclairage sur le fonctionnement d’une ville portuaire antique ainsi que sur l’époque trouble à laquelle Oricum a été prise et occupée par Jules César durant la Guerre Civile.

Modèle 3D

Les archéologues de l’université de Genève et de l’Institut Albanais ont demandé à la Fondation Octopus de fouiller la mer et le lagon qui se trouvent à proximité de la cité antique d’Oricum. Suite à la mission de septembre 2016, la Fondation est fière de présenter les modèles 3D obtenus grâces à plusieurs centaines de photos prises sur place.

Ici, une modélisation multi-couche d’une ancienne carrière, l’activité principale de l’ancienne cité. La pierre blanche immaculée de la péninsule du Karaburun était utilisée par les sculpteurs jusque dans la capitale, Rome. Grâce au modèle ci-dessous, nous pouvons clairement voir que la côte a été en partie excavée par les tailleur de pierre de l’époque.

 

En cliquant sur le sigle au centre de la fenêtre, une fois le modèle chargé, vous pouvez faire tourner la zone en cliquant au centre et en déplaçant le curseur. Vous pouvez aussi zoomer et déplacer le modèle dans l’espace en maintenant la touche majuscule enfoncée.

De façon simple et gratuite, la Fondation Octopus prouve qu’il est possible d’immerger des gens sans aucune notion de plongée dans les profondeurs et de leur permettre de nous accompagner en mission. Comme par exemple ici, à Oricum, une cité antique bâtie sur une petite colline:

Orthophotoplan

Que ce soit pour le public ou des passionnés de plongée, ces modèles numériques sont des outils de visualisation efficaces. Mais sont-ils aussi utiles pour les scientifiques ? Rappelons que l’un des objectifs de la Fondation Octopus est de soutenir la recherche et l’exploration scientifique des océans.

Du modèle 3D numérique, élément simple de visualisation, le programme informatique permet d’extraire un outil qui, lui, est scientifique : l’orthophotoplan. Par une projection verticale de l’ensemble du relief sur un plan horizontal, cette carte d’une précision centimétrique respecte toutes les dimensions au sol.

L'orthophotoplan de la cité antique d'Oricum © Octopus Foundation

Bande dessinée

Parce que la Fondation Octopus a l’ambition de sensibiliser tous les âges sur les beautés de la mer à découvrir, nous souhaitons raconter les missions de chacun de nos projets en bandes dessinées. En plus des plongeurs, marins, journalistes, biologistes et historiens, l’équipe de la Fondation a la chance de compter dans ses rangs Antoine Bugeon, un jeune et talentueux dessinateur qui se trouve être aussi un marin confirmé.

Nous lui avons donc proposé de raconter les coulisses de la mission Oricum – 2016, pour permettre au lecteur de comprendre l’importance de ce site historique.

Ici, Antoine a parfaitement réussi à capturer l’impressionnante chaîne de montagnes albanaises, avec leur pentes abruptes qui tombent littéralement à pic dans la mer. Sur le coin en haut à droite se trouve le dessin du mouillage de Porto Palermo, dernier abri avant Oricum.

Dessin d'Antoine Bugeon qui représente parfaitement l'impressionnante chaîne de montagnes Albanaises, dont les pentes abruptes se jettent littéralement dans la mer. En haut à droite, le mouillage de Porto Palermo, dernier abri avant Oricum © Octopus Foundation

Etude scientifique

En 2005, les archéologues de l’Université de Genève (UNIGE) découvrent pour la première fois le site archéologique presque vierge de l’ancienne Oricum car il est situé à l’intérieur de la base navale albanaise de Pasha Liman. L’armée a ainsi « protégé » des pillages un site d’une valeur historique inestimable.

Mise à jour complète du bâtiment public avec dallage en carreaux de terre cuite. Ce bâtiment ouvert sur ses quatre côtés avec colonnade est unique © Philippe Henry / Octopus Foundation

En 2008 et 2009, les archéologues suisses procèdent à des repérages en creusant des tranchées. Les résultats étant largement à la hauteur de leurs espérances, ils envisagent alors des fouilles. 

Entre 2012 et 2014, une équipe d’archéologues suisses et albanais mène trois campagnes de fouille d’environ un mois par an. Ils réalisent d’importantes découvertes, comme la mise à jour d’une fontaine monumentale, d’un bâtiment public de très grande facture, d’une tombe d’enfant encore intacte ainsi que l’une des portes du mur d’enceinte de la ville ancienne.

> Liens vers un documentaire vidéo produit et réalisé par l’équipe d’OCEAN71 Magazine (Saison 1 / Saison 2

En avril 2016, les archéologues ont obtenu des budgets leur permettant de poursuivre les fouilles sur le site terrestre.

Membres de l'équipe

Julien PFYFFER
Fondateur et président

Ariel FUCHS
Conseiller international

Philippe HENRY
Responsable image

Sébastien ROUSSEAU
Responsable navigation

Antoine BUGEON
Dessinateur et marin

Christophe VIGNAUX
Plongeur et skipper

Margaux CHALAS
Marin et intendance

Guillaume HENCHOZ
Journaliste et historien