Donation

Homerous est libre depuis le 26 octobre 2016. Cela fait cinq mois qu’elle a retrouvé son environnement naturel, elle qui avait été choyée et rééduqué durant de longues années au centre vétérinaire spécialisé de Lampedusa.

Grâce à la balise GPS Argos solidement fixée sur sa carapace, son impressionnant périple peut désormais être suivi au jour le jour (voir carte ci-dessus). Tout du moins, jusqu’à ce que la batterie rende l’âme.

La balise Argos solidement attachée sur le dos d'Homerous © Philippe Henry / Octopus FoundationDaniela Freggi, la directrice du Lampedusa Turtle Rescue, a dû s’habituer à l’absence de sa tortue préférée. « Pendant longtemps, avoue-t-elle, aucune nouvelle tortue n’a été admise dans le grand bac d’Homerous. Jusqu’à ce qu’on reçoive un petit spécimen qui avait besoin de beaucoup bouger. C’était bizarre au début, mais nous commençons à accepter le fait qu’Homerous est devenue une histoire. Une histoire qui a débuté, et qui est maintenant finie. »

Lors de ses deux premières semaines de liberté, la plus célèbre des tortues italiennes n’a pas semblé vouloir trop s’éloigner de l’île qui était devenue sa maison pendant un peu moins d’une décennie. Puis, l’appel du large a été le plus fort. Elle a littéralement décollé en direction du Sud-Ouest, faisait taire toutes les craintes sur sa forme physique.

 

Les spécialistes ne sont pas étonnés de son parcours. « Homerous est aujourd’hui dans le golfe de Syrte, précise Daniela Freggi. C’est exactement ce que nous imaginions et espérions. En hiver, c’est un réservoir de nourriture pour la Méditerranée. Désormais, j’aimerai la voir se diriger vers la Grèce. Cela signifierait qu’elle va pondre. Le printemps est synonyme de période des amours pour les tortues. »

Daniela Freggi utilise le nouveau microscope pour étudier du sang de tortue marine © Philippe Henry / Octopus FoundationMalgré le caractère émotionnel de cette histoire, Daniela et les volontaires du centre n’ont pas le luxe d’être nostalgique. Le travail ne manque pas : « Depuis octobre 2016, explique la directrice franco-italienne, nous avons reçu une trentaine de tortues. Notre procédure est maintenant bien rodée : du sang est prélevé sur chaque nouveau spécimen, qu’il soit jeune, vieux, malade ou en bonne santé. C’est encore trop tôt pour tirer des conclusions scientifiques, mais la centrifugeuse et le microscope nous aident énormément. Pour chaque analyse, nous avons une photo du sang. Ces données nous permettront peut-être de faire des thèses dans le futur. »

Et les choses ne vont pas en se calmant. Toujours plus de pêcheurs italiens contactent Daniela et le Lampedusa Turtle Rescue lorsqu’ils capturent des tortues par mégarde. « La nouveauté, précise Daniela Freggi, c’est qu’un pêcheur a pris l’habitude de m’envoyer des messages par WhatsApp. Ainsi, je sais déjà que trois tortues vont m’être amenées demain, et avec les photos je peux estimer à l’avance leur taille et état de santé. Ces technologies sont de nouveaux traits d’union prometteurs entre les pêcheurs et nous. »