Durant le mois d’octobre, certaines grottes des îles Ioniennes se transforment en nurseries pour le phoque moine de Méditerranée.
Grâce aux caméras autonomes que la Fondation Octopus a installées, les biologistes sont capables de suivre à distance, et donc sans perturber les animaux, quelques unes des nouvelles naissances tant espérées de cette espèce particulièrement menacée.
En effet, à cause de la présence des hommes sur les plages une partie de l’automne, les femelles phoques moines ont choisi de se cacher dans le fond de grottes marines pour mettre bas.
Cette année, la première naissance qui a pu être enregistrée a eu lieu le 6 octobre vers 5h30 du matin. Un bébé phoque, complètement noir à l’exception d’une tache blanche sur le ventre (qui a une forme unique pour chaque nouveau-né), a pointé le bout de son nez. La maman et son petit resteront dans cette grotte durant six jours et six nuits. Le temps pour le jeune phoque d’avoir suffisamment de force pour affronter les eaux parfois mouvementées de la mer Ionienne.
Grâce au système de surveillance qui prend une photo toutes les 15 minutes de façon autonome et continue, les scientifiques peuvent observer les animaux sous tous les angles, au gré de leurs mouvements sur la plage. Ainsi, il est souvent possible d’identifier des individus d’après leurs marques spécifiques.
Après avoir comparé les images du 6 octobre 2022 avec celles de l’année passée (2021), nous avons été stupéfaits de découvrir que la même femelle (Big Stars) a donné naissance dans la même grotte, exactement le même jour, deux années de suite. Tout laisse à penser que Big Stars apprécie particulièrement les conditions qu’offre cette grotte pour donner naissance.
Comme il est possible de le voir dans la vidéo ci-dessous, « Big Stars » semble relativement mécontente que d’autres phoques s’approchent de son petit (situé à l’extrême gauche sur les images). Cette vidéo a été enregistrée quelques heures après la naissance.
Le 19 octobre 2022, soit 13 jours plus tard, une autre naissance a eu lieu sur la plage d’une autre grotte que nous monitorons avec les biologistes. Cette plage est particulièrement grande, et les phoques sont restés trop loin de la caméra pour pouvoir être identifiés. Curieusement, cette même grotte avait aussi été le lieu d’une naissance le 18 octobre 2021, ainsi que début novembre 2020. S’agit-il de la même femelle qui serait revenue deux, voir trois années consécutives pour donner naissance ? Nous ne pouvons en être sûr.
Mais les deux naissances de 2022 sont d’excellentes nouvelles pour cette espèce, toujours classée “en danger” sur la liste rouge de l’UICN.