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Qui pourrait imaginer qu’à quelques mètres de profondeur dans le lac de Neuchâtel en Suisse, les restes de plusieurs dizaines de villages du néolithique et de l’âge du bronze reposent depuis près de 5’000 ans pour les plus anciens ? Ces villages « palafittiques » ont été érigés par les premiers cultivateurs d’Europe Centrale. Les sédiments des eaux des lacs alpins ont rapidement recouverts les villages après leur abandon. Les vestiges ont ainsi été protégés de l’air et des organismes tels que les vers qui auraient pu les dégrader ou les faire disparaître. Aujourd’hui, du bois, des tissus, de la nourriture, des outils en pierre ou en bronze sont encore remarquablement conservés dans ces véritables capsules temporelles que sont nos lacs.

Aucun autre endroit sur terre n’offre une vision aussi claire de l’évolution des communautés villageoises du Néolithique et de l’Âge du Bronze. Les vestiges de ces habitats sont notre principale source de renseignements sur les sociétés agraires de la Préhistoire en Europe.

L'équipe de la Fondation Octopus inspecte les vestiges d'un site de l'âge du Bronze dans le lac de Neuchâtel en octobre 2022 © Philippe Henry / Fondation Octopus

 

Des villages palafittiques de nos lointains ancêtres ont été répertoriés par des archéologues experts dans les lacs de l’ensemble des pays bordant la chaîne des Alpes, en Suisse, en Allemagne, en Autriche, en Slovénie, en Italie ainsi qu’en France. Les 111 villages les plus importants et les mieux préservés aujourd’hui encore ont été classés par l’UNESCO au Patrimoine Mondial de l’Humanité en 2011, comme un objet unique à protéger à tout prix.

Localisation des 111 villages palafittes classé par l'UNESCO en 2011 © palafittes.org

Ce classement implique qu’il revient à chacun des six pays concernés de mettre en place des outils précis pour mesurer dans le temps l’évolution de la couche de sédiment protégeant chacun de ces villages. Sur la base de ces informations, les archéologues doivent prendre toutes les mesures nécessaires de protection, sans les fouiller, pour les futures générations.

Depuis 2019, la Fondation Octopus a soutenu à plusieurs reprises les fouilles archéologiques subaquatiques menées par les départements du patrimoines des cantons de Genève et de Neuchâtel. A chaque fois, la direction scientifique revient aux archéologues du canton concerné, et les opérations de fouilles ou de monitoring dans l’eau sont effectuées par l’équipe de marins et de plongeurs professionnels de la Fondation Octopus.

L'équipe de plongeurs de la Fondation Octopus prennent des mesures d'altitude sur l'un des villages palafittes du canton de Genève au mois de mars 2022 © Philippe Henry / Fondation Octopus

Ainsi, entre 2019 et 2020, nous avons réalisé avec l’archéologue Fabien Langenegger la mise au jour de trois épaves d’importance majeure dans le lac de Neuchâtel. L’équipe de la Fondation a réalisé l’étude et les modèles 3D dans l’eau de ces vestiges de l’époque gallo-romaine, du 16e siècle et du 18e siècle, avant de les protéger à nouveau en les recouvrant d’une épaisse couche de sédiments.

Reconstitution de la pièce de jonction de la coque d'un chaland gallo-romain fouillé et étudié par la Fondation Octopus en octobre 2020 © Antoine Bugeon / Fondation Octopus

Pour 2023, le département d’archéologie de Neuchâtel (Fabien Langenegger) fait à nouveau appel à l’équipe de la Fondation Octopus pour se lancer dans un projet très ambitieux qui serait une première dans le milieu de l’archéologie subaquatique.

Les six pays bordant l’arc alpin (Suisse, Allemagne, Autriche, Slovénie, Italie et France) possèdent des trésors archéologiques dans leurs lacs puisque les restes souvent très bien préservés des villages du néolithiques et de l’âge du bronze ont été très vite abandonnés et recouverts par des crues importantes. Aujourd’hui, certains de ces villages les plus importants sont classés par l’UNESCO avec une interdiction d’y effectuer des fouilles archéologiques qui s’avéreraient destructrices.

Avec Fabien Langenegger, la Fondation Octopus veut faire la démonstration qu’il est possible de faire des fouilles non destructrices sur un village du néolithique non classé puisque chaque objet sera étudié, modélisé en 3D et replacé à l’endroit précis de sa découverte. Au terme de cette mission expérimentale, les deux zones tests seront à nouveau recouvertes par les sédiments et surveillées.

Membres de l'équipe

Julien PFYFFER
Fondateur et président

Andy GUINAND
Responsable robotique

Philippe HENRY
Responsable image

Christophe VIGNAUX
Plongeur et skipper

Sébastien ROUSSEAU
Responsable navigation

Thomas DELORME
Producteur et réalisateur

Antoine BUGEON
Dessinateur et marin

Ariel FUCHS
Directeur opérations