L’équipe opérationnelle de la Fondation Octopus continue d’explorer les lacs suisses.
Après les trois missions archéologiques menées dans le lac de Neuchâtel entre 2019 et 2020 pour étudier trois épaves en péril, nous voici de retour en Suisse, plus précisément à Genève.
Le but de cette première mission dans le lac Léman était d’initier une nouvelle collaboration avec le département cantonal d’archéologie du canton de Genève pour le monitoring des sites palafittes classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO.
Qui pourrait imaginer que devant les rues bondées de Genève, à quelques mètres de profondeur, les restes de plusieurs villages néolithiques et de l’âge du bronze reposent sous les sédiments depuis près de 5000 ans pour les plus anciens ?
Ces villages « palafittiques » ont été érigés par les premiers cultivateurs d’Europe Centrale. Les sédiments des eaux des lacs alpins ont rapidement recouverts les restes de ces villages après leur abandon. Les vestiges ont ainsi pu être protégés de l’air et des organismes qui auraient pu les dégrader ou les faire disparaître. Aujourd’hui, du bois, des tissus, de la nourriture, des outils en pierre ou en bronze sont encore remarquablement conservés dans ces véritables capsules temporelles que sont nos lacs.
Il y a aujourd’hui neuf villages lacustres répertoriés dans les eaux lémaniques du canton de Genève, dont trois sont classés au Patrimoine Mondial de l’Humanité à l’UNESCO.
Certains de ces sites pourraient être menacés par les effets conjoints de l’érosion naturelle et des activités humaines. C’est dans ce cadre que le département cantonal d’archéologie du canton de Genève a fait appel à la Fondation Octopus.
Une mission de 10 jours a pris place au mois de mars 2022, avec la participation et la haute expertise des archéologues subaquatiques préhistoriens Pierre Corboud et Krisztian Gal. Cette mission fut l’occasion pour les plongeurs de se familiariser avec les sites archéologiques genevois, et de faire un état des lieux de l’érosion actuelle et autres risques qui pèsent sur ces vestiges.
Le constat le plus clair a été l’observation de l’invasion spectaculaire de la moule quagga sur la plupart des sites. Apparue en 2015 dans le Léman, cette espèce de moule exotique (arrivée de mer Noire) recouvre aujourd’hui presque toutes les surfaces solides immergées (roches, cailloux, bois). Dans certains cas, les plongeurs ont dû nettoyer précautionneusement plusieurs centimètres d’épaisseurs de moules avant d’atteindre les structures archéologiques.
Profitant d’une météo calme et d’une eau très claire, les archéologues et l’équipe de la Fondation Octopus ont pu documenter un état des lieux précis des différents sites, et installer les outils permettant un monitoring sur le moyen et le long terme.
Les éléments enregistrés lors de cette campagne devraient permettre de poser les bases de la surveillance des sites lacustres genevois qui sera mené dans les années à venir.
La mission a fait l’objet d’une émission de radio ainsi qu’un article de presse.