Le phoque moine est l’une des trois espèces emblématiques de Méditerranée, avec le mérou et le thon rouge. Il y a moins de cent ans, d’importantes colonies peuplaient encore l’intégralité du bassin méditerranéen, de l’Espagne à Israël, et du Nord de l’Italie à la Libye.
Le phoque moine de Méditerranée, de son nom latin Monachus monachus, est aujourd’hui l’un des mammifères marins les plus menacés de la planète, selon les plus récents rapports de l’UICN (l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature).
Nombreuses sont les raisons qui ont mené à cette dramatique situation. Durant l’antiquité, cet animal a été chassé pour sa graisse et sa peau. Devenu nuisible au 20e siècle (il endommage les filets de pêche), les pêcheurs l’ont intentionnellement tué pendant des décennies. Depuis ces 40 dernières années, le tourisme de masse a progressivement occupé les plages et côtes nécessaires à leur repos et aux mises bas des femelles. Les quelques centaines d’individus que l’on retrouve actuellement en Méditerranée ont été contraints de se réfugier dans des grottes marines isolées.
La plupart des études scientifiques sur le phoque moine ont été réalisées et publiées en Grèce ces 20 dernières années. Ce pays est l’un des seuls à étudier plusieurs groupes de reproducteurs. Néanmoins, des observations répétées ont notamment été confirmées en Adriatique et dans la mer Tyrrhénienne, entrouvrant la possibilité que l’espèce récupère lentement.
Faisant le constat que les données de répartitions géographiques pouvaient évoluer rapidement, l’UICN souhaite coordonner un projet visant à rassembler les nombreux acteurs de terrain, scientifiques, environnementalistes, pêcheurs, propriétaires de clubs de plongée et skippers pour améliorer les connaissances sur cette espèce.
L’objectif de ce programme est de trouver des moyens accessibles (outils d’observation, réseaux d’informateurs, sensibilisation du public) afin de collecter des informations dans la totalité du bassin méditerranéen, de les partager avec l’ensemble des chercheurs et ONG, afin d’évaluer avec une plus grande précision l’état des populations de cette espèce emblématique, méconnue et pourtant indispensable à l’équilibre de l’écosystème marin.
Soutien apporté à l’UICN et aux acteurs locaux
Les phoques moines de Méditerranée ont été presque exclusivement étudiés en Grèce ces 30 dernières années. Des observations répétées ont néanmoins été confirmées dans les eaux turques, chypriotes, italiennes et croates. Malheureusement, à ce jour aucun suivi global de l’espèce n’a pu être réalisé sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Cette information est pourtant cruciale pour comprendre l’évolution des effectifs et pour entreprendre une démarche efficace de protection sur le long terme.
L’UICN souhaite donc initier et coordonner un projet international visant à rassembler les acteurs de terrain qui vivent et travaillent dans des zones fréquentées par des phoques moines pour partager les données récoltées afin d’améliorer les connaissances sur cette espèce emblématique ainsi que sur sa répartition géographique exacte.
La Fondation Octopus travaille aux côtés de l’UICN pour proposer aux biologistes qui le souhaitent de nouveaux outils open-source et financièrement abordables afin d’augmenter la capacité de monitoring des phoques moines sur l’ensemble du bassin méditerranéen. Dans cet esprit d’ouverture et d’échanges, la Fondation Octopus souhaite que ces outils puissent peut-être aussi profiter à d’autres biologistes (plages de pontes des tortues marines, par exemple) ou à d’autres scientifiques (archéologues sous-marins voulant protéger un site de fouilles des pillages).
Outils existants
Au cours des décennies passées, les biologistes marins étudiant les phoques moines se sont principalement équipés de caméras à détecteur de mouvement. Ces appareils ont l’avantage d’être peu coûteux (entre 200 et 500 Euros en moyenne). Dès qu’un animal passe devant le capteur, une photo et/ou une vidéo sont enregistrées. Les données ne sont donc récoltées qu’en présence d’animaux, limitant les images à traiter par la suite. Finalement, l’installation de ce type de caméra est facilitée par sa taille, son usage et sa faible consommation en énergie (généralement des piles AA).
Ces caméras ont aussi quelques inconvénients. Tout d’abord, ils ne photographient que les animaux qui entrent dans le champ du capteur. Ils ne fournissent donc aucun élément de contexte, comme par exemple les conditions météo ou l’activité humaine autour des grottes. De plus, l’opérateur est obligé d’entrer dans la grotte pour récupérer les données de la caméra (photos et vidéos enregistrées sur une carte mémoire). Sur une période d’environ six mois, il est raisonnable d’envisager deux à trois visites dans la grotte pour récupérer la carte mémoire et changer les piles qui peuvent être trop faibles après seulement quelques semaines d’utilisation.
Ces caméras ne sont par ailleurs pas conçues pour être installées dans des environnements aussi humides que des grottes marines. Ces lieux occupés par les phoques moines ont souvent des taux d’humidité proches de 100% pendant plusieurs jours ou semaines d’affilés. Il est dès lors nécessaire de modifier légèrement ces équipements afin d’améliorer leur étanchéité.
Finalement, les données ne peuvent pas être sauvegardées ni protégées contre le vol. Si la caméra est volée (facilité par son faible volume), les images enregistrées durant des semaines ou des mois disparaissent avec l’appareil.
Nouveaux outils
La Fondation Octopus développe et teste de nouveaux outils complémentaires pour l’observation et la collecte de données. Que ce soit les kits de monitoring autonomes et connectés ou l’utilisation de drones, ces appareils sont conçus pour compléter les technologies précédemment utilisées, et non les remplacer.
Système de monitoring autonome et connecté
Pour mettre au point un système de monitoring autonome et connecté, la Fondation Octopus a développé plusieurs prototypes en utilisant des éléments disponibles dans le commerce de détail et en privilégiant le “prêt à l’emploi”. Ces prototypes sont ensuite assemblés et testés dans un environnement côtier connu pour abriter des phoques moines.
Chaque système peut monitorer une grotte et informer les biologistes en temps réel sur la présence ou l’absence d’un phoque. Ils peuvent également renseigner sur les conditions météorologiques, l’activité humaine dans la zone ainsi que toutes autres activités animales. Grâce au routeur 3G/4G, qui utilise le réseau téléphonique local pour transmettre à distance et en continu les données enregistrées, les biologistes ont directement accès aux données juste après leur enregistrement, tout en conservant en plus une sauvegarde sur un serveur FTP.
Les tests et les améliorations des prototypes vont se dérouler sur plusieurs années, afin d’accumuler suffisamment de retours d’expérience et améliorer le système.
Le budget global pour un set complet de monitoring autonome et connecté (pour une grotte) ne dépasse pas les 2000 Euros.
Monitoring dynamique
En complément du suivi continu et autonome d’une grotte, la Fondation Octopus développe un protocole d’utilisation de drones aériens grand publique afin de localiser et suivre des phoques moines à proximité des grottes. En utilisant des drones en relais, l’idée est de pouvoir rester dans les airs près de deux heures d’affilées afin de tester la possibilité d’identifier et suivre des individus dans de faibles profondeurs sans les déranger.
Le budget global pour une paire de drones capables de se relayer (deux quadricoptères et deux retours vidéo) ne doit pas dépasser les 4000 euros.
Toujours selon la philosophie « open-source » et d’utilité publique de la Fondation Octopus, le choix précis des appareils et leur utilisation sont expliqués et détaillés sur les pages suivantes.
31 décembre 2021
Kit de monitoring open source, autonome et connecté
Plusieurs expériences passées* ont montré l’efficacité d’un système photographique à intervalle régulier (une photo est prise toutes les 5, 10 ou 15 minutes, par exemple) venant compléter l’usage des caméras à détecteur de mouvement. Le but est d’enregistrer en continu l’activité des phoques moines, l’activité humaine et certains phénomènes météorologiques à l’intérieur et à l’extérieur d’une grotte marine. Finalement, le système est connecté via un routeur 3G/4G (équipé d’une carte SIM internationale de data) au réseau téléphonique local pour envoyer les images à un serveur délocalisé, où les données sont stockées de façon sécurisée.
Ci-dessous, le schéma du prototype (testé avec succès entre 2018 et 2021 dans les îles Ioniennes grecques):
Son installation sur le terrain:
Pour obtenir gratuitement un guide complet de construction et d’installation, cliquez ici.
Modules
Afin de comprendre l’intégralité du système, il faut se pencher sur les différents éléments le composant:
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- Énergie solaire
Depuis plusieurs années, la technologie photovoltaïque a évolué à tel point que des équipements abordables sont disponibles un peu partout dans le monde. Habituellement, la production d’énergie solaire fonctionne de façon combinée : Un ou plusieurs panneaux rechargent une ou plusieurs batteries, qui sont soit au plomb soit au lithium. Etant donnée la différence de prix importante (du simple au double) entre le plomb et le lithium, notre recherche s’est limitée aux batteries au plomb, qui sont plus facilement disponibles dans les zones côtières et moins dangereuses puisque le lithium peut prendre feu lorsqu’il est soumis à une température trop élevée.
Par définition, un système autonome installé dans la nature est soumis à un risque élevé de vol. Il est dès lors important de trouver un équilibre entre le prix des équipements, leur efficacité, leur consommation électrique et leur faculté de fonctionner dans tous types de situations.
Par exemple, un système pourrait très bien fonctionner toute l’année, avec trois panneaux solaires et deux batteries 12V. Mais cela impliquerait d’augmenter sa visibilité et donc son risque de vol. Si le prototype peut fonctionner avec un seul panneau solaire (de 50 ou 100 Watts) et une batterie (12V classique de voiture), alors sa perte reste financièrement acceptable.
Un paramètre additionnel à prendre en compte est le nombre de cycles de charge et de décharge que la batterie va devoir gérer. La préférence va être donnée à une batterie de type AGM conçue pour résister plus longtemps à ce genre d’utilisation intensive (au minimum 6 mois).
Le lien entre le panneau solaire et la batterie se fait par un appareil, appelé « contrôleur de charge ». Cet outil gère l’entrée et la sortie de l’énergie, afin de préserver la batterie, éviter les courts-circuits ou tout autre problème. Il permet également de couper temporairement l’alimentation lorsque la batterie a un voltage trop bas, afin que le panneau solaire puisse la recharger. Une fois la batterie rechargée (ou ayant atteint un haut voltage défini par l’opérateur), le contrôleur de charge va relancer automatiquement tout le système.
Les trois éléments sont branchés entre eux avec du câble électrique classique (deux fils, positif et négatif).
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- Monitoring vidéo intérieur/extérieur
Les premiers prototypes ont été équipés de deux caméras distinctes. Le rôle de la première caméra, installée à l’extérieur, est de surveiller l’entrée de la grotte et ses environs, afin d’enregistrer des données sur les conditions météorologiques et sur les activités humaines qui pourraient potentiellement perturber les phoques. La deuxième caméra est fixée au fond de la grotte, orientée sur la zone utilisée par les phoques pour se reposer ou mettre au monde.
Les deux caméras fonctionnent simultanément, afin de capturer l’intégralité de la situation, à l’extérieur et à l’intérieur de la grotte. Dans cette configuration, sur la côte méditerranéenne, la caméra extérieure est exposée aux conditions météorologiques extrêmes (fortes chaleurs estivales et pluies abondantes lors des orages, par exemple), alors que la caméra intérieure est constamment plongée dans le noir et sujette à d’importants taux d’humidité durant de longues périodes.
En quelques années, la technologie dans le domaine de la sécurité a progressé de façon fulgurante. Un élément clé est aujourd’hui l’utilisation de “caméras POE” (Power Over Ethernet, soit “l’alimentation électrique par câble Ethernet”). Ces caméras, relativement abordables (normalement entre 100 et 300 Euros), utilisent un simple câble Ethernet pour transporter l’électricité et les données. Il n’y a désormais plus besoin de deux circuits différents, qui rendaient il y a quelques années encore une installation comme celle-ci trop complexe et sujette à de nombreux problèmes techniques potentiels.
Ces caméras POE peuvent être distantes de 100 mètres maximum de la boîte de contrôle.
Par ailleurs, ces caméras sont conçues pour diffuser des images de sécurité jours et nuits à l’intérieur et à l’extérieur de bâtiments. Elles sont donc généralement équipées d’un éclairage infrarouge (qui portent en principe à une distance de 30 mètres de la caméra dans le noir complet) et sont IP66 (étanches à la pluie) ou IP67 (étanche à l’immersion).
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- Prise de vue à intervalle régulier
L’objectif est de suivre en continu les activités à l’intérieur et l’extérieur d’une grotte qui convient aux phoques moines. L’un des principaux problèmes de ce genre d’équipement est la consommation d’énergie, qui peut être importante pour alimenter deux caméras vidéos munies d’un éclairage infrarouge. L’objectif est donc de limiter cette consommation au maximum en allumant et en éteignant le système à intervalle régulier. Dans notre situation précise, nous savons que les phoques sont de très bons nageurs, mais une fois à terre, ils leur est beaucoup plus difficile de se déplacer. Les grottes sont également utilisées comme lieux de repos. Il est donc possible d’observer des groupes de phoques moines durant plusieurs heures.
Partant de ce constat, l’intervalle que nous avons plébiscité est d’une photo prise toutes les 15 minutes. Cela veut dire que l’ensemble du système est allumé pendant environ 100 secondes (le temps que les caméras s’allument et ajustent leurs paramètres), avant qu’une photo ne soit extraite sur chacun des deux flux vidéos. Les images sont ensuite enregistrées localement (sur une clé USB), et envoyées sur un serveur de sauvegarde (serveur FTP délocalisé), puis le système est éteint pour économiser l’énergie de la batterie. Ce processus complet recommence toutes les 15 minutes. En conséquences, les caméras sont allumées moins de 7 minutes par heure.
Afin de gérer ce genre de tâches simples, un ordinateur de la taille d’une carte de crédit a fait son apparition ces dernières années: le Raspberry Pi (environ 35 Euros). Il est alimenté en 5 Volts et peut facilement être programmé pour gérer l’ouverture et la fermeture d’un relais électrique par exemple, ainsi qu’enregistrer des données sur une clé USB.
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- Double sauvegarde
Avec le kit de monitoring autonome et connecté, la paire de photos est donc enregistrée toutes les 15 minutes localement sur une clé USB. Elle est ensuite envoyée grâce au routeur 3G/4G à un serveur FTP délocalisé permettant non seulement de sauvegarder les données, mais aussi la visualisation en direct de l’intérieur de la grotte, renseignant ainsi les scientifiques sur la présence ou l’absence d’un phoque devant l’objectif. Cela pourrait par exemple être utile aux biologistes pour collecter des échantillons de poils lorsque l’animal est parti chasser, ou pour récupérer la carte mémoire d’une trigger cam sans déranger les animaux.
Si pour une raison quelconque le réseau téléphonique local devait tomber en panne temporairement – ce qui arrive plus souvent qu’on ne le pense – les images sont tout de même enregistrées sur la clé USB du Raspberry Pi. Les données peuvent alors être récupérées par une personne sur place qui peut accéder à tout moment à la boîte de contrôle située à l’extérieur de la grotte, permettant une fois de plus de ne pas déranger les animaux.
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- Programme informatique
Pour réaliser ces tâches d’allumage et d’extinction du système vidéo selon un intervalle défini, d’enregistrement des photos sur clé USB et d’envoi des données sur un serveur FTP, nous avons conçu un programme très simple en langage Python qui sera amené à évoluer en fonction des améliorations du système. Le script est disponible pour tout scientifique qui en aurait besoin. Il suffit de nous en faire la demande par email (contact@octopusfoundation.org).
Afin de simplifier le processus, nous proposons de paramétrer un Raspberry Pi selon les conditions souhaitées, et de l’envoyer par la poste.
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- Boîte extérieure
Cette boîte a été conçue en contreplaqué (qui peut facilement être trouvé dans la plupart des zones côtières du monde), et recouverte de trois couches de vernis. Idéalement, les tranches doivent être recouvertes d’epoxy. Les trous se situent à l’extérieur de la boîte, afin de limiter les infiltrations d’eau. Sur les côtés se trouvent des grilles d’aération qui peuvent être remplacées par des plaques de contreplaqué durant l’hiver.
Trois trous sont percés dans le plancher pour faire sortir les câbles (Ethernet, panneaux solaire) sans que l’eau ne puisse entrer.
Les dimensions sont en millimètres.
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- Caméra sous-marine
En 2019, la découverte d’une grotte complétement immergée d’où sont sortis plusieurs phoques nous a poussé à envisager l’ajout d’un module sous-marin à notre système.
Son installation en 2020 et 2021 a été couronnée de succès: des milliers de photos de phoques nageant et dormant dans l’eau ont été enregistrées, ainsi que des vidéos saisissantes.
Pour cette expérience concluante, nous avons pris l’exact même modèle de caméra POE (Trendnet TV-IP316PI) qui est d’habitude installées dans les grottes et sur les falaises. Nous avons dû la modifier légèrement, en externalisant les LEDs infrarouge et en enlevant le pied ainsi que la casquette de la caméra.
Le tout a ensuite été inséré dans un caisson étanche de la marque américaine Blue Robotics.
Mission de terrain 2018: SET 1 et SET 2
Pour la phase 1 de nos tests (2018), deux prototypes ont été installés en Grèce dans deux grottes aux conditions géomorphologiques très différentes.
Le but de ce premier test était de faire fonctionner les deux prototypes pendant 6 mois pour tester la résistance des différents composants. Installés au début du mois de juin, notre objectif était de les faire fonctionner jusqu’à la fin du mois de novembre 2018. Pour cette première phase, les équipements ont été choisis en fonction de leur facilité d’utilisation et de leur coût limité (coût global d’un kit fixé à moins de 2000 Euros).
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- SET 1
Le premier prototype a été installé dans un grotte connue depuis plusieurs années par les biologistes pour avoir été occupée régulièrement par des phoques moines.
La grotte est située au pied d’une falaise rocheuse d’environ 20-25 mètres de haut. La première des deux entrées est sous-marine. La falaise plonge verticalement dans l’eau. À environ un mètre de profondeur, un passage permet aux phoques d’entrer facilement dans la grotte. Une fois à l’intérieur, l’eau s’étend sur environ 50 mètres (comme un lac intérieur) avant d’atteindre le fond où se situe une plage d’environ 30 mètres de large.
Sur la gauche de l’entrée sous-marine se trouve l’entrée aérienne, où un pan de falaise s’est effondré pour ouvrir un passage qui permet de rejoindre la grotte principale.
L’entrée de la grotte est orientée vers le Nord, ce qui l’expose donc aux vents dominants d’été qui soufflent du secteur Nord. La caméra extérieure est donc aussi orientée vers le Nord, optimisant ainsi toute la journée l’exposition lumineuse des photos extérieures.
Début juin 2018, le SET 1 a été mis en place, avec la boîte de contrôle et la première caméra au sommet de la falaise, le panneau solaire entre deux rochers, et la caméra dans la grotte au bout d’un cable Ethernet de 90 mètres.
En dehors de quelques ajustements pour corriger l’exposition des photos, le système a parfaitement fonctionné dès le début avec une photo prise par chacune des caméras toutes les 15 minutes, 24h/24h et 7j/7j.
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- SET 2
Pour différentes raisons techniques, nous n’avons pas pu utiliser la même configuration dans une deuxième grotte. Nous avons dès lors décidé d’installer le deuxième kit avec des câbles Ethernet de 20 et 10 mètres de long, à l’entrée d’une grotte à la configuration totalement différente. L’objectif ici était de tester les limites de chaque module du système.
Lors de nos repérages, nous avions été informé de l’existence d’une “faille” dans la côte, autour de laquelle des phoques moines ont été aperçus à plusieurs reprises. En comparaison de la grotte du SET 1, cette faille présente la particularité d’être au raz de l’eau, et exposée cette fois au Sud. Une grande partie de cette grotte est aussi intégralement submergée par la mer. Il est probable qu’au fond de celle-ci, une poche d’air permette aux phoques de respirer. A ce stade de nos tests, il n’était pas envisageable d’immerger (même temporairement) une caméra POE (IP66) avec son câble Ethernet pour les installer dans cette grotte.
Dès lors, nous avons pris la décision d’installer le deuxième prototype avec les deux caméras à l’extérieur, orientées différemment à l’entrée de la grotte.
Conscients des chances quasi nulles de photographier un phoque nageant dans l’eau (le mammifère est beaucoup trop rapide), nous avons privilégié la collecte d’informations environnementales telles que les activités humaines et les conditions météorologiques, par exemple. Cette configuration était aussi un bon moyen de tester une orientation différente des caméras (cette fois vers le secteur Sud, à 180° et à 110°). Les données recueillies par ces caméras se sont avérées précieuses pour comprendre à quel point cette orientation vis-à-vis du soleil influence la qualité des images.
Avec deux caméras à l’extérieur, il était inutile de laisser tourner l’intégralité du système toute la nuit puisque les lumières infrarouges fonctionnent très mal sur un objet en mouvement comme la mer. Nous avons donc modifié les réglages de notre programme informatique, pour qu’il n’allume les caméras qu’entre 5 heures du matin et 22 heures (du 1er juin au 17 octobre 2018). Puis, à partir du 18 octobre, nous avons encore réduit les heures d’allumage de 7 heures à 20 heures pour suivre la diminution hivernale d’heures solaires.
Etant donné que le SET 2 fonctionnait désormais moins d’heures que le SET 1 (17h/24h au lieu des 24h/24h), nous avons aussi décidé de réduire l’intervalle de prises des photos de 15 à 10 minutes. Nous augmentions donc ainsi nos chances (même infimes) de capturer en photo un phoque moine qui reprendrait sa respiration devant la grotte. Mais nous souhaitions surtout augmenter la cadence pour tester les limites des composants électroniques tout en transmettant la même quantité de données via le routeur 3G/4G. Ainsi, alors que le SET 1 allait prendre un total de 192 photos par jour (pour deux caméras), le SET 2 allait en prendre 204 par jour. L’idée était de rester dans le cadre de la carte SIM nous autorisant un maximum de 3 Gigas de données par mois pour 30 Euros (chaque photo pèse en moyenne 300 Ko).
Finalement, la boîte électronique a été installée cette fois sous un arbre (en comparaison de l’abri rocheux du SET 1), le panneau solaire a été fixé entre deux rochers avec un angle plus important (à environ 160° et incliné de 20°), les câbles Ethernet qui courent le long de la côte rocheuse ont été protégés en les enveloppant dans du tuyau d’arrosage, et les deux caméras ont été fixées de part et d’autre de l’entrée de la grotte, bien plus près de l’eau et des vagues que pour le SET 1. Les deux caméras sont à peu près à 5 mètres de hauteur de la mer. Cette configuration permettra ainsi de tester la résistance de ces éléments aux vagues lors des tempêtes de Sud qui peuvent être violentes dans la région.
Un aspect intéressant à relever est la présence de troupeaux de chèvres dans la zone du SET 2. Nous l’avons découvert lors de l’installation. Nous avons donc décidé de couvrir les câbles avec du tuyau d’arrosage (les deux câbles Ethernet des caméras et le câble du panneau solaire à la batterie), en pensant que ces animaux pouvaient les endommager en marchant dessus. Nous n’avions pas imaginé que les chèvres apprécient tout particulièrement les câbles électriques, au point des les manger s’ils sont accessibles. Au contraire, si les câbles sont bien protégés par un simple tuyau, ils semblent alors perdre tout leur intérêt gustatif.
Mission de terrain 2019: Installation SET 3, et upgrade SET 1 et SET 2
Pour la phase 2 de nos tests (2019), un troisième prototype a été installé en Grèce dans une nouvelle grotte aux conditions géomorphologiques différentes des deux premiers sets. Nous avons également profité de cette nouvelle mission pour updater les SETS 1 & 2 avec des modules plus performants.
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- Installation du SET 3
Le troisième prototype a été installé sur une petite île déserte et isolée, à des kilomètres de la première ville. Ce petit paradis est connu depuis plusieurs années par les biologistes et les plaisanciers pour être occupé régulièrement par des phoques moines.
Alors que les SETS 1 & 2 peuvent être rejoints à pieds ou en voiture, on ne peut accéder au SET 3 que en bateau. L’amarrage aux rochers coupants est particulièrement dangereux. De par cet isolement, le SET 3 risque d’être moins sujet au vol et/ou aux dégradations. L’inconvénient est qu’il est plus difficile d’accéder au SET 3 pour effectuer des réparations ou des modifications.
L’entrée de la grotte est orientée vers le Nord, ce qui l’expose donc aux vents dominants d’été qui soufflent du secteur Nord-Nord Ouest. La caméra extérieure est donc aussi orientée vers le Nord, optimisant ainsi toute la journée l’exposition des photos extérieures.
Un câble Ethernet de 70 mètres est suffisant pour installer une caméra au fond de la grotte, orientée vers la plage interne où des phoques se reposent principalement durant la nuit.
Il n’y a pas d’arbres ou de rochers pour protéger la boîte électronique des fortes chaleurs estivales. Nous n’avons pu trouver que quelques buissons pour protéger la boîte en bois. Les composants vont très probablement être soumis à de très fortes températures pendant l’été.
Cette île n’abrite aucune chèvre, mais les câbles apparents ont tout de même été protégés avec du tuyau d’arrosage, au cas où ils intéresseraient d’éventuels rongeurs. Par contre, cette île déserte sert de nichoir à des centaines d’oiseaux. Les nombreuses déjections ont rapidement recouvert une partie non négligeable du panneau solaire, qui a dû être régulièrement nettoyé par l’équipe sur place, à raison d’une fois par semaine dans la premiére partie de l’été. Durant la seconde moitié, malgré la présence des oiseaux, le panneau était beaucoup plus propre.
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- Update SET 1
De retour à la grotte où le SET 1 avait été installé en 2018, nous avons décidé de changer la caméra intérieure afin d’augmenter la qualité des images. Les caméras plus récentes ont aussi une meilleure efficacité au niveau de l’éclairage infrarouge.
Une nouvelle batterie AGM de plus grande capacité a aussi été installée dans la boîte, ainsi qu’un contrôleur de charge qui coupe et rebranche l’alimentation en fonction de l’état de la batterie 12V.
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- Update SET 2
Les mises à jour réalisées sur le SET 1 ont également été faites sur le SET 2, c’est à dire un changement des caméras, une nouvelle batterie de plus grande capacité ainsi qu’un contrôleur de charge plus performant.
Après avoir étudié les environs de cette « faille » avec soin, l’équipe de terrain a découvert une cheminée qui communique entre la surface et une chambre intermédiaire avec une poche d’air. Après une plongée de reconnaissance, nous avons décidé d’installer une caméra au fond de la grotte qui semble souvent être utilisée par des phoques moines.
Une longue section de la grotte est complétement immergée, ce qui a nécessité d’étanchéifier la caméra IP67 pour son installation. Après deux jours d’installation, le fond de la grotte du SET 2 était finalement monitoré. Moins de 24 heures après son installation, le premier phoque était photographié par notre caméra de surveillance.
Contrairement à 2018, nous avons recalibré la prise de photo à intervalle régulier afin qu’elle corresponde au SET 1 et 3, c’est à dire une paire de photo toutes les 15 minutes, 24/24h et 7/7j.
Mission de terrain 2020: Installation SET 4, et upgrade SET 1, 2 et 3
Pour la phase 3 de nos tests (2020), un quatrième prototype a été installé en Grèce dans une nouvelle grotte aux conditions géomorphologiques différentes des trois premiers sets. Nous avons également profité de cette nouvelle mission pour améliorer les SETS 1, 2 & 3 avec différents modules neufs. Plusieurs modules expérimentaux ont en outre été installés sur le terrain.
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- Installation du SET 4
Le quatrième prototype a été installé sur une île déserte et isolée, à des kilomètres de la première ville. Ces dernières années, l’équipe de la Fondation Octopus y a souvent croisé de nombreux phoques moines.
Alors que les SETS 1 & 2 peuvent être rejoints à pieds ou en voiture, on ne peut accéder au SET 4 qu’en bateau. L’amarrage aux rochers coupants est particulièrement dangereux. De par cet isolement, le SET 4 risque d’être moins sujet au vol et/ou aux dégradations. L’inconvénient est qu’il est plus difficile d’y accéder pour effectuer des réparations ou des modifications.
L’entrée de la grotte est orientée vers le Nord, ce qui l’expose donc aux vents dominants d’été qui soufflent du secteur Nord-Nord Ouest. La caméra extérieure est donc aussi orientée vers le Nord, optimisant ainsi toute la journée l’exposition des photos extérieures.
Un câble Ethernet d’environ 40 mètres est suffisant pour installer une caméra au fond de la grotte, orientée vers la plage interne où des phoques se reposent principalement durant la nuit.
Cette île n’abrite aucune chèvre, mais les câbles apparents ont tout de même été protégés avec du tuyau d’arrosage, au cas où ils intéresseraient d’éventuels rongeurs. Par contre, cette île déserte sert de nichoir à des centaines d’oiseaux. Les nombreuses déjections ont rapidement recouvert une partie non négligeable du panneau solaire.
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- Update SET 1
De retour à la grotte où le SET 1 avait été mis en place initiallement en 2018, nous avons remplacé la caméra intérieure ainsi que son câble Ethernet de 90m qui n’avaient pas survécu à l’hiver.
La caméra extérieure a aussi été remplacée par un modèle neuf. Il est à noter qu’il s’agissait du modèle TV-IP314PI, en place depuis 2018. Le nouveau modèle est le TV-IP316PI.
Finalement, afin de partir sur des bases saines pour les mois ou années à venir, un routeur ainsi qu’un Raspberry Pi flambant neufs ont été connectés dans la boîte.
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- Update SET 2
Les mises à jour réalisées sur le SET 1 ont également été faites sur le SET 2, c’est à dire un nouveau routeur et Raspberry Pi.
La caméra extérieure était encore fonctionnelle, mais il s’agissait toujours de la TV-IP314PI de 2018. Elle a été remplacée par une TV-IP316PI.
En ce qui concerne la caméra intérieure, elle n’avait résisté à une houle de novembre 2019. Nous avons les images de sa destruction par une vague. Elle a logiquement été remplacée, avec un tout nouveau câble d’environ 70 mètres.
Une fois de plus, une équipe de plongeurs s’est aventuré dans cette grotte impressionnante pour l’installation.
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- Update SET 3
Là aussi, un tout nouveau routeur et Raspberry Pi sont venus compléter le matériel existant du SET 3.
La caméra extérieure n’avait pas résisté aux intempéries hivernales, elle a donc été remplacée par un modèle neuf.
En ce qui concerne la caméra intérieure, elle a été transférée dans la grotte, pour se rapprocher du site privilégié de repos. Ceci afin de capturer des images de meilleure qualité, pouvant nous aider à identifier les animaux grâce aux marques de leur pelage.
* cf. Gruppo Foca Monaca en Italie
Monitoring dynamique
Avec les progrès technologiques actuels des batteries Lithium-Ion, les drones “quadricoptères” peuvent aujourd’hui rester dans les airs pendant presque 30 minutes avec une seule batterie. Les pilotes de drones de la Fondation Octopus ont testé d’abord en Suisse puis sur le terrain en Grèce la capacité de deux drones grand public de se relayer dans les airs pour augmenter à plus de deux heures le temps passé en continu à observer la mer. L’objectif de ce test était de localiser et suivre les phoques moines qui nagent à faible profondeur à proximité d’une grotte marine. Une technique a ainsi été mise au point pour pouvoir se relayer, c’est-à-dire pour le deuxième drone de retrouver le premier (qui doit changer de batterie) sans se perdre ni entrer en collision et ainsi ne pas perdre l’animal de vue.
Lors de notre phase 1 (2018), en volant à quelques dizaines de mètres au dessus de la surface de la mer, les drones ont pu localiser et filmer plusieurs phoques. Tout en restant abordables financièrement (moins de 2000 Euros l’unité), et avec une portée (maximum 6 kilomètres) et une autonomie (maximum 25 minutes) de plus en plus importante, il semblerait que ces appareils, qui sont par ailleurs de plus en plus silencieux (moins de 60 dB), ne perturbent presque pas ces animaux sauvages, permettant ainsi d’améliorer leur observation.
Pour cette technique voici les modèles que nous utilisons :
DJI Mavic 2 Pro, avec Crystal Sky 7,85 »
DJI Mavic 2 Zoom, avec Crystal Sky 5,5 »
30 novembre 2019
Kit de monitoring open source, autonome et connecté
Résultats 2019
SET 1
En 2019, le SET 1 a fonctionné le 100% du temps lors de notre période de test de 6 mois, du 1er juin au 30 novembre 2019.
Quelques petits trous dans notre monitoring ont été occasionnés par des coupures locales de courants qui ont impacté la couverture du réseau téléphonique. Heureusement, nous avons pu les combler grâce à notre double sauvegarde locale sur clé USB.
La caméra extérieure a pu suivre le trafic des bateaux, la présence humaine à proximité de la grotte, ainsi que les tempêtes et autres phénomènes météorologiques remarquables.
La caméra intérieure a photographié la présence de plusieurs phoques, surtout à partir du mois d’octobre (les cases marquées d’un « M » sur le tableau mentionnent l’enregistrement en photo d’au moins un phoque).
À noter que le système est encore fonctionnel en décembre, et qu’il devrait continuer à nous fournir des photos tout au long de l’hiver, pour autant que la batterie supporte la baisse de luminosité hivernale.
SET 2
En 2019, le SET 2 a été une source de satisfaction et de frustration extrême.
Le site s’est révélé être une grotte particulièrement plébiscitée par de nombreux spécimens de phoques moines. Plus de 6’000 photos de phoques moines ont été prises sur la période test de 6 mois.
Nous avons par contre sous-estimé la protection du câble immergé entre les deux poches d’air dans la grotte. Fin juin, ce câble Ethernet a été endommagé (vraisemblablement par un phoque un peu trop curieux, au vu des traces de morsures trouvées sur le cable), nous privant de la surveillance intérieure pendant 11 jours.
Une équipe a été dépêchée sur place début juillet pour remplacer le câble endommagé et pour installer une protection qui s’est avérée être bien plus efficace.
Malheureusement, le 4 novembre, à seulement quelques semaines de la fin du test, une violente tempête parfaitement orientée avec l’entrée de la grotte a produit des vagues qui sont venues endommager la caméra installée dans le fond de la grotte. Une fois de plus, nous avons perdu la surveillance intérieure. N’ayant plus d’équipe sur place, nous n’avons pas l’opportunité de réparer cette panne pendant l’hiver.
Néanmoins, nous sommes particulièrement satisfaits des nombreuses données récoltées par le SET 2 qui a parfaitement fonctionné durant 82% du temps.
SET 3
Bien qu’ayant produit d’excellents résultats en 2019, le SET 3 est un peu en dessous des SET 1 & 2, autant en terme de fonctionnement (76%) que de monitoring de phoques moines.
Nous avons constaté que la plage de cette grotte en particulier était relativement peu visitée par les animaux, alors que plusieurs phoques ont été observés sur zone pendant toute la période test.
L’un des points forts a été l’identification d’un mâle de grande taille, qui a été enregistré 10 jours plus tard dans la grotte du SET 2. A noter que les deux sets sont séparés par plusieurs dizaines de kilomètres.
Le principal avantage du SET 3 est sa caméra extérieure, qui fait face à un mouillage très fréquenté, nous permettant de quantifier précisément la présence humaine à proxmitié immédiate d’une grotte.
Globalement, les composants du SET 3 ont bien fonctionné, sauf le Raspberry Pi qui a cessé de fonctionner le 24 août. Il a été remplacé le 13 septembre, et depuis tout a parfaitement bien fonctionné.
Il y a néanmoins un grand trou entre fin août et début septembre, qui s’explique par la difficulté à accéder au SET 3 pour l’équipe locale. Pour rappel, un bateau est obligatoire, alors que les SET 1 & 2 peuvent être atteints en voiture et à pieds.
Mi novembre, la caméra extérieure a malheureusement arrêté de fonctionner. Elle a probablement été endommagée par la forte humidité. Son indice de protection est IP67, elle n’est donc pas parfaitement étanche. Son état sera analysé en 2020 lorsqu’elle sera remplacée par un modèle neuf.
CONCLUSION
Pour l’année 2019, cette 2e phase de tests a été très productive, tant du point de vue technique que sur le monitoring de l’activité des phoques moines et humaine autour de trois grottes types.
Les trois systèmes ont capturé un total d’un peu plus de 100’000 photos sur une période de six mois. Ces 2e prototypes ont enregistré avec succès près de 8’600 photos de phoques, prises par cinq caméras différentes. Certaines de ces images ont permis une identification des animaux par leur taille et certaines marques spécifiques sur leurs corps. Cette identification pourra être améliorée lors de la 3e saison de tests en déplaçant les caméras dans les coins des grottes privilégiés par les animaux.
Nous n’avons eu affaire qu’à quelques problèmes techniques, qui ont tous pu être résolus relativement rapidement grâce aux équipes locales partenaires du projet. Nous tenons à remercier ici les équipes du Ionian Dolphin Project, de Kosamare, de Fiskardo Divers et de Odyssey Outdoor Activities.
Malgré certains problèmes, les différents modules qui composent notre système open source, autonome et connecté semblent suffisamment résistants pour survivre de longs mois, voir plusieurs années dans des conditions de chaleur et d’humidité extrêmes que l’on retrouve en Méditerranée.
Conférence sur les mammifères marins – Barcelone, 2019
Ces conclusions ont été présentées sur un poster scientifique, lors de la Conférence sur les mammifères marins de Barcelone, en décembre 2019.
L’occasion de rencontrer les scientifiques qui travaillent à l’étude du phoque moine de Médterrannée, et discuter des dernières avancées technologiques.
Résultats 2018
SET 1
Le premier résultat de cette phase 1 des tests est que ce système fonctionne globalement bien dans un environnement côtier méditerranéen. Sur un total de 174 jours, le SET 1 a enregistré avec succès des photos pendant 148 jours (soit 85% du temps).
Dans la grande majorité des cas, la batterie a été le problème majeur dans la mesure où une tension devenue trop basse a mis tout le système en standby, ne laissant que le panneau recharger la batterie. Il fallait alors qu’une personne sur place accède à la boîte de contrôle pour appuyer sur les deux boutons qui réenclenchent le système. La consommation d’énergie était donc parfois plus élevée que la production (ensoleillement moindre, mauvais temps pendant plusieurs jours d’affilés, mauvaise orientation du panneau solaire, etc).
Nous avons aussi du faire face à un bug du software (le 2 juillet), une panne du routeur (qui a été remplacé le 15 juillet), des problèmes techniques qui ont tous été solutionnés sur place grâce à nos partenaires locaux.
A partir du 18 octobre, l’ensoleillement n’étant plus suffisant pour un seul panneau solaire de 50 Watts, nous avons pris la décision de rajouter un second panneau de 50 Watts (période symbolisée en jaune sur le tableau) qui a permis de faire fonctionner le SET 1 pendant un mois de plus, soit jusqu’au 18 novembre 2018. Le système s’est alors mis en standby. Nous avons décidé d’arrêter à ce stade la Phase 1 des tests pour le SET 1.
À deux reprises, ce prototype a permis de photographier des phoques moines sur la plage de la grotte (symbolisés sur le tableau par les cases M avec des pointillés, les 21 et 25 octobre).
Sans tirer de conclusions hâtives, les phoques sont apparus les deux fois de nuit, lors d’une tempête de vent de Nord, et en dehors de la saison touristique.
SET 2
En ce qui concerne le SET 2, il a été encore plus performant que le SET 1, avec des photos qui ont été enregistrées avec succès pendant 159 jours sur un total de 173 jours, soit un taux de réussite de 92%. Le problème principal apparu dans ce cas est la consommation trop importante d’énergie à partir de mi-octobre.
L’ensoleillement n’étant plus suffisant pour assurer le fonctionnement du prototype (malgré l’installation d’un deuxième panneau solaire de 50W le 19 octobre), la phase 1 a donc été arrêtée le 21 novembre 2018.
Bien que nous n’ayons rencontré aucun problème technique similaire au SET 1 (bug informatique, routeur en panne, etc.) de toute la période estivale, nous avons été confrontés avec le SET 2 a un autre type de problèmes avec les chèvres qui ont mangé et coupé les cables du panneau solaire (le 31 août) et d’une des deux caméras (le 3 octobre). Nous avons solutionné le problème en protégeant tous les cables par du tuyau d’arrosage acheté sur place.
Traitement des images – intelligence artificielle
Faire fonctionner deux systèmes autonomes, avec un total de quatre caméras en 2018 (et bien plus depuis!), durant six mois a généré près de 60’000 photos.
Ces images ont le potentiel de produire des statistiques environnementales intéressantes, comme par exemple la présence humaine en fonction des saisons, des vacances etc. Il serait aussi possible de référencer les tempêtes, les périodes de grandes chaleurs et évidemment la présence ou l’absence de phoques dans les grottes.
Afin d’aider les biologistes et scientifiques en général à traiter un nombre très important de photos, la Fondation Octopus prépare un programme de reconnaissance d’images utilisant l’intelligence artificielle pour quantifier et qualifier les bateaux, les plongeurs, les phoques et fournir des statistiques précises de façon automatisée.
Une fois testé et éprouvé, ce programme sera gratuitement mis à la disposition des scientifiques qui souhaiterons s’équiper de kits de monitoring autonome et connecté.
Monitoring dynamique
Grâce au protocole de relais en drone développé par la Fondation Octopus en 2018, plusieurs spécimens de phoques moines ont pu être filmés dans les environs d’une grotte marine.
L’objetif est de permettre à certains biologistes de se rendre compte de l’utilité que pourraient avoir un outil de ce type.
« L’odyssée du phoque moine » – 2021
4 ans de tournage ont été nécessaires à Thomas Delorme et la Fondation Octopus pour publier ce documentaire:
Une maman défend son bébé, né quelques heures auparavant, Oct. 2022
Nouvelle naissance d’un bébé phoque moine, Oct. 2021
Bonne année de la part d’une famille de phoques moines, Jan. 2021
Une nouvelle naissance dans les îles Ioniennes, Nov. 2020
Ianos Medicane, Sept. 2020
« Les derniers phoques moines de Méditerranée » – 2019 GEO Magazine
En septembre 2019, le site internet de GEO Magazine a publié une vidéo, un article et un reportage photo sur l’action de la Fondation Octopus en faveur de la préservation du phoque moine de Méditerranée.
Mot de passe Vimeo: PhoqueGrece2018
Développement et installation d’un prototype de système de monitoring autonome et connecté
Afin de photographier les phoques dans leur élément naturel, et récolter diverses données scientifiques supplémentaires (pression humaine, nombre de bateaux, conditions météorologiques), nous avons développé un prototype de système de monitoring autonome et connecté.
La recherche et l’installation sont expliqués dans cette vidéo:
Monitoring dynamique (drone)
En juin 2018, nous avons eu la chance de pouvoir observer plusieurs phoques moines de Méditerranée.
Les deux individus filmés dans les îles grecques, sont des adultes. Les images sont analysées par les spécialistes pour en savoir plus sur leur comportement.
Nous avons pu tester l’efficacité de l’utilisation de deux drones en relais, afin d’obtenir ces images rares du mammifère marin le plus menacé de la planète.
Membres de l'équipe
Un nouveau système open source DIY de monitoring photo/video des espèces marines côtières !
Après deux ans de tests et d’améliorations sur nos prototypes, l’équipe de la Fondation Octopus est fière de vous proposer la première version du mode d’emploi détaillé (étape par étape) de notre système Open Source de monitoring autonome et connecté conçu en premier lieu pour l’étude du phoque moine de Méditerranée. Vous pouvez le télécharger en bas de cette page.
L’objectif ici est d’offrir la possibilité aux biologistes marins de pouvoir monter et installer eux-mêmes leurs propres kits afin de pouvoir monitorer les grottes qu’ils connaissent afin de suivre et d’identifier les phoques moines de leur région.
Techniquement, ce système peut et va être encore amélioré dans les mois et années à venir. Mais nous avons décidé de rendre public et mettre en accès libre le détail du système actuel dans la mesure où il a déjà permis d’obtenir des résultats importants, tant du point de vue biologique (identification précise d’animaux, calendrier du passage des animaux dans les grottes) que du point de vue de la pression humaine potentielle exercée sur certaines grottes de phoques. Il est par exemple possible de quantifier, heure par heure, le nombre de bateaux de tourisme qui s’arrêtent et visitent les grottes.
Certains de nos systèmes qui sont en place depuis plus de deux ans continuent de nous envoyer à distance les images, prouvant que les éléments choisis sont capables de résister à des conditions climatiques très dures (températures estivales élevées de Méditerranée, humidité hivernale importante, etc.). Parfois, l’un ou l’autre des éléments doit être remplacé par un modèle neuf. C’est pourquoi ils ont aussi été choisi pour leur coût, afin qu’un kit complet ne dépasse pas 2000 Euros*.
Il est évident que le montage d’un tel système doit s’accompagner d’une aide, même à distance, que l’équipe technique de la Fondation Octopus se propose d’offrir à celles et ceux qui décident de se lancer dans l’achat et le montage d’un kit. Nous leur fournirons alors la toute dernière version du logiciel (script Python) que nous avons écrit et qui gère une partie du fonctionnement, avec les paramètres propres à chaque situation.
Nous espérons que ce système de monitoring Open Source puisse bénéficier aux plus grand nombre de biologistes marins étudiant le phoque moine ou d’autres espèces marines côtières (comme les tortues marines lors des pontes sur les plages par exemple), et que globalement nous puissions mieux comprendre ces espèces menacées pour pouvoir mieux les protéger.
* Jusqu’en février 2020, soit avant l’arrivée du coronavirus en Europe. Il est possible que les prix de certains éléments viennent à changer légèrement dans les mois à venir.